Dans un article intitulé "
Ce ne sont pas des snipers que l’armée israélienne place face à la bande de Gaza, ce sont des chasseur
s
", Gideon Levy publie dans Haaretz le dégoût que lui inspire le comportement des soldats israéliens.
"
À Gaza, huit mille jeunes hommes ont été rendus handicapés à vie par les tirs des snipers israéliens. Certains ont dû être amputés et les tireurs y trouvent de la fierté.
L’un est musicien, venant d’un bon lycée, l’autre est scout, diplômé en théâtre. Ils font partie des snipers qui ont tiré sur des centaines de manifestants non-armés.
Dans l’interview accordée à Hilo Glazer pour Haaretz, aucun ne montre de remords. Quand ils s’excusent, c’est de ne pas avoir fait couler plus de sang.
Ils se conduisent tous comme des assassins. Si les deux cent morts qui leur sont dues ne suffisent pas à le montrer, voyez leurs déclarations. Ils ont perdu leur boussole morale et poursuivront ainsi leur vie.
Ils ont handicapé leurs victimes mais leur propre handicap est bien plus grave. Leurs âmes sont tordues, atrophiées.
Leur morale perdue à tout jamais sur le champ de tir qui fait face à la bande de Gaza, ils sont devenus des dangers pour la société.
Ils sont les fils de vos amis et les amis de vos fils mais écoutez un peu ce qu’ils disent. "J’ai ramené sept ou huit genoux aujourd’hui, j’ai failli battre le record !", "j’ai fait 28 genoux aujourd’hui !". C’est pourtant de jeunes femmes et hommes se battant pour leur liberté, un combat des plus justes, dont ils parlent ainsi.
Le discours habituel des soldats est devenu celui de bouchers. "le scénario classique, c’est de tirer pour briser un os. L’ambulance arrive puis ils touchent une pension", "le but c’est qu’ils ne recommencent pas leurs manifs, alors j’essaie de viser le gras, les muscles pour faire moins de dommages", "si vous touchez une artère principale, c’est que vous avez fait une erreur. Après y a des snipers qui choisissent de faire des erreurs", "même si on connaît pas leur grade, on voit bien au charisme qui est le meneur, c’est lui qu’il faut viser".
Ainsi le charisme aura valu à de nombreux jeunes de Gaza une vie entière de handicap.
Mais ça ne suffisait pas aux chasseurs. Ils sont devenus assoiffés de sang comme seuls des jeunes endoctrinés peuvent l’être. Il leur fallait le sang d’un enfant, et devant sa famille qui plus est.
"Laissez moi me faire un gosse de 14 ou seize ans. Laissez moi lui exploser le crâne devant toute sa famille, tout son village. Laissez couler son sang. Et alors je n’aurais peut-être plus besoin de prendre encore vingt genoux".
Aucun d’eux n’a été sanctionné. Ah si ! L’un a passé sept jours en prison militaire pour avoir tiré sur un mouton. Dans l’armée la plus morale du monde, on ne tire pas sur les moutons voyons ! Seulement sur les Palestiniens.
Malgré les deux cent morts et les huit mille blessés, ils se plaignent de trop de contraintes et limites. Eux et leurs commandants, eux et l’armée qui leur ordonne de tirer "comme sur des canards qui choisissent de franchir la ligne", ils sont notre honte à tous, nous israéliens."